Édito | L’impact de la représentation LGBTQ+ dans The Last of Us

Pour marquer le premier jour du mois des fiertés, nous explorerons, dans cet édito, l’évolution de la représentation LGBTQ+ dans les jeux vidéo. Nous accorderons une importance au rôle de la franchise The Last of Us en termes de diversité et d’inclusion dans l’industrie.

Le mois des fiertés (Pride Month) débute aujourd’hui et se tiendra jusqu’au 30 juin. Cette célébration annuelle honore la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et queer. Nos lecteurs savent que Naughty Dog Mag’ accorde une attention bienveillante à l’inclusion et à la diversité. C’est pour cela que dans cet édito, nous reviendrons sur l’impact de la représentation LGBTQ+ dans les jeux vidéo. Pour ce faire, nous accorderons une importance à la licence The Last of Us, écrite par le studio Naughty Dog.

The Last Of Us Propagande LGBT
Naughty Dog Mag’ souhaite un très joyeux mois des fiertés à toutes les personnes concernées.

Les personnages LGBTQ+ dans les jeux vidéo

Depuis quelques années maintenant, la représentation des personnes LGBTQ+ dans l’univers du jeu vidéo n’a cessé d’évoluer. Les Sims font partie des tout premiers jeux à avoir intégré des minorités en son sein. En effet, en 2000, les joueurs pouvaient d’ores et déjà établir des relations homosexuelles entre leurs sims. Un phénomène clivant, mais qui portait déjà ses fruits en termes de diversité et de reconnaissance.

Plus tard, ce sont d’autres titres qui se sont vu contribuer à cette évolution. En citant en premier lieu l’excellent Life is Strange, de DON’T NOD. Tout en abordant des sujets tels que la découverte de soi, le courage et la tolérance, le jeu explore l’affection profonde que partagent Chloe et Max, deux amies d’enfance. Son préquel, Before the Storm, raconte l’idylle romantique entre une Chloe plus jeune et la (re)belle Rachel Amber. Un jeu qui m’avait énormément marquée à sa sortie et qui continue de m’émouvoir aujourd’hui.

Life is Strange: Before the Storm - Rachel et Chloe
Rachel et Chloe dans Life is Strange: Before the Storm.

Dragon Age: Inquisition, Mass Effect ou encore Tell Me Why, sont des jeux qui soutiennent, eux aussi, la communauté LGBTQ+. La saga Assassin’s Creed, d’Ubisoft, s’est également ouverte à une dimension davantage inclusive. En effet, dans ses récents titres, à savoir Odyssey et Valhalla, les joueurs peuvent choisir la sexualité de leur héros ou héroïne. Cela leur garantit donc un système d’exploration plus riche et diversifié.

Cette liste d’exemples, non exhaustive, montre que l’industrie du jeu vidéo progresse et tend vers une représentation plus proche des joueurs. Les productions vidéoludiques sont alors source de reconnaissance chez les minorités, qui se voient de plus en plus entendues au travers des médias.

The Last of Us, une référence engagée

S’il y a bien une franchise qui est régulièrement saluée pour sa narration juste et la complexité de ses personnages, c’est The Last of Us. Ellie Williams, la tête d’affiche de la licence des Dogs, est une figure emblématique de la représentation LGBTQ+ dans les jeux vidéo. En 2014, Naughty Dog dévoilait l’homosexualité de l’héroïne dans le DLC Left Behind, sorti le 14 février de la même année. L’adolescente y partage un amour adolescent avec Riley, sa meilleure amie, suivi d’un intime baiser.

Ce moment a suscité de nombreuses déclarations négatives comme positives de la part des joueurs. De fait, Ashley Johnson, l’interprète d’Ellie, a souligné qu’une joueuse fut énormément touchée par la relation des deux jeunes filles. Cette dernière aurait précisé que si le DLC était sorti quelques années plus tôt, sa vie aurait été plus « facile ». Preuve que les jeux vidéo, outre le divertissement, peuvent apporter du réconfort auprès de certaines et certains d’entre nous.

Un autre exemple de représentation LGBTQ+ dans The Last of Us est l’histoire d’amour entre Bill et Frank. Subtilement évoquée dans le jeu, cette dernière connaît une véritable retranscription dans la série d’adaptation The Last of Us (HBO), au sein de l’épisode 3, Long, Long Time.

Réalisé par Craig Mazin (Chernobyl), il fut de multiples fois récompensé pour son scénario et sa poésie élancée. Troy Baker, l’acteur originel de Joel, trouve que cet épisode est d’ailleurs l’un des meilleurs jamais conçus. Steven Spielberg a lui aussi souligné la qualité de ce dernier.

La saison 1 de The Last of Us (HBO) a été moult fois acclamée pour son inclusivité et sa fidélité accordée au titre éponyme. Elle détient à l’heure actuelle diverses nominations et trophées. Et fut l’objet de plusieurs éloges faites à l’égard de Bella Ramsey, personnalité non-binaire et interprète d’Ellie dans la série.

Plan rapproché sur Ellie, incarnée par Bella Ramsey. Elle regarde en souriant vers Riley, hors-champ.
Bella Ramsey est Ellie dans la série The Last of Us (HBO).

Une suite qui l’est tout autant

Dans The Last of Us Part II, sorti le 19 juin 2020, Ellie est âgée de 19 ans, et sa sexualité est davantage exploitée. Elle est désormais en couple avec Dina, une habitante de Jackson. Leur relation aurait tendance à s’éloigner des stéréotypes souvent associés aux personnages LGBTQ+, et notamment aux couples lesbiens.

Si la relation d’Ellie et Dina n’est pas le centre du récit de Part II, elle joue tout de même un rôle important quant à sa profondeur. Inarrêtable et poussée par un élan de vengeance extrême, Ellie se laisse sombrer peu à peu, tandis que Dina, véritable soutien émotionnel, la guide et l’accompagne dans sa quête.

The Last of Us Part II - Dina et Ellie
Ellie et Dina dans The Last of Us Part II.

La représentation d’Ellie et Dina a globalement été bien reçue auprès du public. Il faut dire que la plume de Neil Druckmann et Halley Gross, les scénaristes, en a ému plus d’un. En effet, la relation de nos deux héroïnes résonne chez de nombreux joueurs. Elle engage ainsi un sentiment de validation de leurs propres expériences.

Le titre présente également un autre protagoniste minoritaire, à savoir Lev, un enfant transgenre. Tout comme peut l’être Ellie, il est un personnage courageux et sensiblement bien écrit. Il est incarné par un acteur trans, Ian Alexander, lui aussi concerné et touché par des questions d’inclusion et de droits LGBTQ+. Reconnaissant pour son rôle, il sera d’ailleurs en live sur Streamily pour signer des autographes à destination des fans, à l’occasion du mois des fiertés, le 4 juin prochain.

Naughty Dog a réussi à intégrer avec brio la notion d’inclusivité dans ses productions. Notons que de nombreux membres du studio appartiennent eux-mêmes à la communauté LGBTQ+. Leur présence et leur influence ont probablement joué un rôle quant à la sensibilité et la profondeur des personnages représentés. Un engagement qui souligne l’importance d’avoir des voix diversifiées dans les équipes de développement afin de créer des récits authentiques, résonnant dans le cœur de toutes et tous, sur bien des plans.

The Last of Us Part II - Arc-en-ciel
La licence The Last of Us comme pionnière des représentations LGBTQ+ dans le jeu vidéo.

Une visibilité qui présente des limites

Le succès de la franchise The Last of Us permet d’ouvrir la voie à d’autres studios pour explorer des thèmes similaires. En effet, les Dogs montrent que des jeux présentant des personnages LGBTQ+ peuvent briser certains préjugés. Au point d’enrichir de merveilleux récits et d’attirer un large public.

L’inclusion de personnages minoritaires dans les jeux vidéo relève aussi une dimension empathique et éducative. En reprenant l’exemple de Life is Strange ou encore The Last of Us, nous avons vu que de nombreuses personnes se sont reconnues au travers de l’écriture de Chloe, Max, Rachel ou encore d’Ellie, Dina et Riley. Les jeux vidéo peuvent alors véhiculer de la bienveillance et de la tolérance envers l’acceptation des différentes orientations sexuelles et identités de genre.

Films, séries, jeux vidéo, de plus en plus de productions mettent en avant la communauté LGBTQ+. Nous assistons à un véritable progrès. Cependant, les réalisateurs comme les développeurs doivent également faire face aux préjugés et à une certaine résistance à la diversité. Cela se perçoit notamment par le phénomène du « review bombing ». Où des personnes vont intentionnellement donner une critique négative à une œuvre. La raison ? Ses choix narratifs et, parfois, la sexualité de ses personnages.

The Last of Us HBO - Frank et Bill épisode 3
L’épisode 3 de The Last of Us (HBO) a été victime de review bombing.

Mais cela ne doit pas décourager les équipes de développement et les sociétés de production, au contraire. Ces critiques montrent l’importance de continuer à écrire des personnages qui marqueront les joueurs. Tant par leur caractère que leur histoire touchante.

Malgré de nombreux obstacles et limites, la représentation de personnages LGBTQ+ dans les jeux vidéo permet un nouvel apport inclusif dans la culture populaire et les médias. En ce mois des fiertés, nous ne pouvons qu’applaudir le travail des créateurs qui mettent en avant les minorités et leur font honneur dans leurs productions.

— Édito proposé par Emma.