The Last of Us Part II | Plongez dans la psyché des personnages

À l’occasion de la sortie de The Last of Us Part II: Remastered sur PS5 en début d’année, la chaîne YouTube de Playstation a publié une série de trois vidéos, les Game Nights, avec chacune un invité, analysant certains points spécifiques du deuxième jeu de la saga The Last of Us. Le deuxième épisode reçoit la thérapeute Shani Tran, qui se penche alors sur les questionnements éthiques des personnages, et l’impact de leur passé dans leurs choix et leurs actions.

Lors de la promotion de The Last of Us Part II Remastered sur PS5, sorti le 19 janvier 2024, et qui était alors le deuxième jeu le plus vendu en Europe lors du mois de sa sortie, Playstation a publié une série de trois vidéos sur sa chaîne YouTube pour présenter plus en détails certains points thématiques de cette ultime version de The Last of Us Part II, sorti il y a quatre ans.

Le premier épisode recevait le game director du jeu, Matthew Gallant. Il revenait sur l’accessibilité du jeu et sur son contenu inédit, dont le mode No Return. Le deuxième épisode des Game Nights reçoit une tout autre invitée : la thérapeute Shani Tran. Il y offre une analyse psychologique et éthique des choix et des personnalités des personnages de The Last of Us Part II.

Une analyse psychologique d’Ellie et Abby

Pour proposer un épisode plus centré sur la psychologie des personnages du remaster, le deuxième épisode des Game Nights reçoit la thérapeute Shani Tran. Aussi créatrice de contenu sur TikTok, fondatrice du Shani Project, une expérience thérapeutique autour de la santé mentale, notamment auprès de la communauté noire, ou encore autrice. Shani Tran possède plusieurs casquettes mais se concentre principalement sur les identités et les personnalités lors de ses séances.

La jeune femme utilise alors son expérience de thérapeute pour analyser les différentes attitudes des personnages de The Last of Us Part II, en particulier Ellie et Abby. Et sur les complexités d’être un humain dans un monde hostile, entouré de claqueurs et d’autres survivants parfois tout aussi dangereux…

Des personnages profondément humains

Pour la thérapeute, les personnages de The Last of Us Part II sont profondément humains. En outre, ce sont leurs décisions et leurs actions qui font avancer le récit, et, même si elles peuvent être moralement répréhensibles, il faut avant tout les observer à travers la perspective que ces derniers sont en proie à de grands dangers, dans un monde très hostile.

Le personnage d’Ellie en est alors la parfaite illustration. Shani Tran analyse son comportement en y intégrant directement l’environnement dans lequel la jeune femme a grandi. Rappelons qu’Ellie est née après la pandémie de cordyceps, et n’a donc connu que ce monde dévasté et dangereux, alors qu’elle n’était qu’une orpheline dans un camp militaire. En connaissance de ce passé difficile, et du sentiment d’abandon que l’héroïne a développé, la présence d’un soutien émotionnel comme Joel devient alors une clé indispensable lors de ses différents choix.

Ellie n’est pourtant pas la seule à avoir vécue des traumatismes. Tous les personnages des deux volets ont pu expérimenter la perte, la souffrance et la violence. Shani Tran se penche alors sur la personnalité d’Abby : la mort de son père est le moteur principal de chacune de ses décisions et de ses actions brutales, qui ne sont motivées que par la vengeance et la douleur d’avoir perdu un être cher, et ce, quel qu’en soit le prix.

Une des choses les plus importantes à laquelle nous devons penser est ce par quoi quelqu’un est passé. En effet, lorsqu’il s’agit de savoir comment nous réagissons à différents aspects ou événements de notre vie, nous pensons aux risques et aux facteurs de protection lorsqu’il s’agit d’événements traumatiques. Chaque personnage a vécu des choses différentes, et ne sont désormais plus les mêmes.

Ces évènements traumatiques justifieraient presque leurs décisions, qui ne sont guidées que par des émotions fortes, et donc semblent parfois irrationnelles aux joueurs et spectateurs, comme l’analyse la thérapeute.

Quand on combat quelqu’un et qu’on tente de survivre, on pense avant tout à soi. On pense à comment on peut survivre. Est-ce justifié ? Je ne sais pas si l’on peut utiliser ce mot. Mais il faut penser que les décisions qui sont prises sont basées sur ce qu’ils ont vécus et comment cela les a impactés.

Entre la brutalité et l’obscurité, l’amour et la joie sont possibles

Shani Tran interroge alors directement les joueurs et les spectateurs dans cet épisode de Game Nights : qui sommes-nous pour décider qui sont les héros et les « vilains » de cette histoire ? Les frontières entre les deux rôles deviennent alors très floues. De fait, Ellie et Joel restent très appréciés, même s’ils ont pu user de torture, de chantage, ou même de violence extrême pour survivre et défendre leurs intérêts.

Pour la thérapeute, il faut que chacun se penche sur ses propres expériences pour comprendre pourquoi l’on est attaché à chaque personnage. Et pourquoi nous sommes prêts à les pardonner ou à comprendre leurs actions, si immorales soient-elles. En se concentrant sur le personnage d’Abby, notamment à partir de ces flashbacks d’adolescente auprès de son père, les joueurs peuvent interpréter une jeune femme joyeuse, et observer comment elle aurait pu être une « personne normale », avant de sombrer dans la brutalité. Elle devient alors une tout autre personne, qui ne vit que pour la vengeance.

The Last of Us Part II peut alors se lire par un nouveau prisme pour Shani Tran. Ces évènements traumatiques, qui ont changé à jamais les personnages d’Ellie et d’Abby, ainsi que tous les autres survivants qui les entourent, doivent être des grilles de lecture et d’interprétation pour comprendre leurs choix.

La place du joueur face au comportement des personnages, entre jugement et acceptation

Ces moments d’obscurité sont cependant contrebalancés par des séquences plus douces, notamment lors des flashbacks des personnages dans ce deuxième opus. Ils permettent, entre autres, de contraster la brutalité de la réalité de l’univers de The Last of Us. Ces souvenirs soulignent l’amour, la joie ou les liens de parenté que peuvent ressentir les survivants, et qui deviennent alors révélateurs de leurs décisions.

Pour le présentateur James Deveney, la scène du théâtre, où le joueur peut incarner Abby, permet de se rendre compte des atrocités qu’a pu commettre Ellie, même si elle reste un personnage important dans le cœur de chaque joueur. Tout devient alors question de perspective, comme le conclue le présentateur :

Puis-je oublier ce qu’Ellie a fait, après avoir vu les conséquences de ses actions ? Cette question aide à comprendre l’ambiguïté latente entre le bien et le mal, que la ligne entre la justice et la vengeance reste floue dans ce jeu.

La thérapeute confirme alors que cette ligne floue nous permet d’augmenter notre capacité à aimer ces personnages. Et que, tout comme eux, nous sommes soumis à des questionnements qui nous rapprochent et nous rendent profondément humains. Pouvons-nous aimer, même si cela nous rend vulnérable ? Peut-on faire confiance aux autres, même dans des moments difficiles ?

« Jouer à ce jeu nous connecte à notre humanité » : cette dernière phrase résume alors le message profond que cherche à transmettre la thérapeute Shani Tran, par cette analyse psychologique de l’éthique des personnages de The Last of Us Part II Remastered. Ces différentes perspectives permettent d’avoir un nouveau regard sur les personnages, que nous pourrons bientôt retrouver dans la saison 2 de la série HBO, dont les premières images officielles annoncent une potentielle sortie pour le début d’année 2025.

Bonne journée sur Naughty Dog Mag’ !

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